Plus de dix milliards de billets de banque
Dans ce laboratoire de 3000 m², partagé avec le papetier Ahlstrom-Munksjö, une dizaine de chercheurs, ingénieurs et techniciens sont spécialisés en papeterie, chimie, science des matériaux, mesures physiques, biochimie et microbiologie. Ils ont d’abord conféré aux billets de banque, dont Oberthur fiduciaire est l’un des principaux imprimeurs mondiaux, des propriétés antifongiques et antibactériennes permettant de « lutter contre la contrefaçon, protéger les usagers contre les salissures, les bactéries, certains champignons toxiques ou les contaminations, et accroître leur durée de vie », indique Nicolas Koutros, directeur général adjoint du groupe et directeur général délégué de Bioguard. Aujourd’hui, plus de dix milliards de billets – « soit deux fois la quantité en circulation dans la zone euro » – ont été « bioguardisés » dans le monde.
Fonction autodésinfectante
En 2009, l’arrivée de la grippe A H1N1 amène Bioguard à s’intéresser à des problématiques « plus complexes » et, surtout, à la protection antivirale. Une orientation que le groupe va encourager, dans un souci de diversification. C’est cependant la pandémie du Covid-19 qui hâte le processus et l’optimisation des formulations. « Avec cette fonction autodésinfectante, nous accélérons la mort du virus, en quelques heures ou jours, selon les conditions et les surfaces, et réduisons le risque de contamination », résume Henri Rosset, le directeur du centre de recherche et père de la technologie. De souligner : « Après cinq ans, le procédé est encore actif sur des billets mis en circulation dans des conditions tropicales. » Il précise : « Bioguard est, évidemment, conforme au règlement européen sur les produits biocides et, dans les conditions de test ISO 21702-2019 et ASTM E 1053-97, la concentration virale est réduite d’au moins 100 fois par rapport aux surfaces non traitées. »
Matières actives
L’entreprise ne communique pas cependant sur le contenu de la « recette ». Tout juste Henri Rosset livre-t-il qu’« elle repose sur la mise en œuvre de plusieurs matières actives dont certaines sont d’origine naturelle. Leur sélection et leur dosage sont adaptés en fonction des contraintes et spécificités associées à l’application, dans un objectif de maximisation des performances. Le principe est basé sur la synergie développée pour agir sur différents éléments de structures biochimiques des germes afin de les détruire ou d’empêcher leur multiplication, tout en restant neutre pour l’homme. »