Publié le lundi 24 janvier 2022

Comment Bioguard propose de fonctionnaliser les surfaces

24.01.2022/ EMBALLAGES MAGAZINE – À la faveur de la crise sanitaire, le groupe François-Charles Oberthur, après avoir élaboré la technologie antibactérienne, antifongique et antivirale Bioguard pour les billets de banque, l’applique désormais aux emballages en papier, carton, plastique, bois ou verre.

Des billets de banque aux emballages, le lien n’apparaît pas spontanément. Pourtant, Bioguard & Co, une filiale du groupe François-Charles Oberthur (ou Oberthur fiduciaire), en établit un à la faveur de la crise du Covid-19. Dans son centre de recherche VHP Security Paper d’Apprieu, près de Voiron (Isère), elle travaille en effet sur la fonctionnalisation des surfaces à partir d’une technologie autonettoyante. Le laboratoire dispose, pour ce faire, d’une machine à papier et de formettes pour la production de feuilles à l’unité, de raffineurs, de machines de prototypage, de différents applicateurs, de diverses presses et d’équipements de vieillissement, etc., ainsi que d’un magasin de 3000 matières premières – fibres, charges minérales, liants, colorants, adjuvants chimiques… – et d’une base de données comptant quelque 7000 références. Bioguard se propose ainsi de sécuriser toutes sortes d’emballages en papier, carton, plastique, bois ou verre, lors de la production du matériau ou par application d’un revêtement.

Plus de dix milliards de billets de banque

Dans ce laboratoire de 3000 m², partagé avec le papetier Ahlstrom-Munksjö, une dizaine de chercheurs, ingénieurs et techniciens sont spécialisés en papeterie, chimie, science des matériaux, mesures physiques, biochimie et microbiologie. Ils ont d’abord conféré aux billets de banque, dont Oberthur fiduciaire est l’un des principaux imprimeurs mondiaux, des propriétés antifongiques et antibactériennes permettant de « lutter contre la contrefaçon, protéger les usagers contre les salissures, les bactéries, certains champignons toxiques ou les contaminations, et accroître leur durée de vie », indique Nicolas Koutros, directeur général adjoint du groupe et directeur général délégué de Bioguard. Aujourd’hui, plus de dix milliards de billets – « soit deux fois la quantité en circulation dans la zone euro » – ont été « bioguardisés » dans le monde.

Fonction autodésinfectante

En 2009, l’arrivée de la grippe A H1N1 amène Bioguard à s’intéresser à des problématiques « plus complexes » et, surtout, à la protection antivirale. Une orientation que le groupe va encourager, dans un souci de diversification. C’est cependant la pandémie du Covid-19 qui hâte le processus et l’optimisation des formulations. « Avec cette fonction autodésinfectante, nous accélérons la mort du virus, en quelques heures ou jours, selon les conditions et les surfaces, et réduisons le risque de contamination », résume Henri Rosset, le directeur du centre de recherche et père de la technologie. De souligner : « Après cinq ans, le procédé est encore actif sur des billets mis en circulation dans des conditions tropicales. » Il précise : « Bioguard est, évidemment, conforme au règlement européen sur les produits biocides et, dans les conditions de test ISO 21702-2019 et ASTM E 1053-97, la concentration virale est réduite d’au moins 100 fois par rapport aux surfaces non traitées. »

Matières actives

L’entreprise ne communique pas cependant sur le contenu de la « recette ». Tout juste Henri Rosset livre-t-il qu’« elle repose sur la mise en œuvre de plusieurs matières actives dont certaines sont d’origine naturelle. Leur sélection et leur dosage sont adaptés en fonction des contraintes et spécificités associées à l’application, dans un objectif de maximisation des performances. Le principe est basé sur la synergie développée pour agir sur différents éléments de structures biochimiques des germes afin de les détruire ou d’empêcher leur multiplication, tout en restant neutre pour l’homme. »

Imprégnation, enduction, impression ou pulvérisation

Le papier est, assez logiquement, la première application objet de la diversification. Dans ce domaine, Bioguard a d’ailleurs conclu un partenariat en octobre 2021 avec la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui porte sur du papier virucide destiné à certaines impressions. Mais le marché offrant les perspectives les plus larges et prometteuses est, sans nul doute, celui des emballages. « La sécurité sanitaire est devenue un enjeu clé de ce secteur », analyse Nicolas Koutros. C’est pourquoi le centre de recherche a mis au point plusieurs solutions applicables sur les papiers et cartons, les films plastique, le bois ou les contenants en verre, par imprégnation, enduction, impression ou même pulvérisation. « Une installation de pulvérisation est déjà prête chez un décorateur de bouteilles en verre », annonce le dirigeant, qui assure « pouvoir fonctionnaliser la plupart des matériaux sans restriction »« C’est une question de formulation, estime Henri Rosset. Nous avons développé ainsi des revêtements Bioguard dans des vernis aqueux, des systèmes solvantés, des résines à réticulation UV… » Le niveau de performance peut néanmoins varier selon les applications envisagées et les contraintes de process. « Nous le savons d’autant mieux que nous sommes nous-mêmes des industriels et des utilisateurs de cette technologie », fait valoir Nicolas Koutros.

Parmi les autres débouchés, il mentionne encore le mobilier, les tables, les plans de travail et autres surfaces. Ce qui le persuade que, « désormais, Bioguard peut faire partie des mesures structurelles de la gestion de crise ».


Voir aussi